Lettre ouverte à la Ministre de l'Education Nationale (et à son futur remplaçant...)


Madame la Ministre,
Au printemps dernier, vous déclariez vouloir renforcer les contrôles des familles ayant fait le choix d'instruire leurs enfants. Nous avons entendu vos craintes et vos attentes. Nous avons bien compris votre volonté de lutter contre le radicalisme, le sectarisme, l'isolement et les carences éducatives pour le bien de nos enfants. Votre réponse a été un décret en octobre 2016.

Comme vous (?), notre collectif croit en l'instruction. Comme vous (?), il croit à l'éducation. Comme vous (?), il croit à la famille. Notre collectif croit aussi à l'utilité de l'école pour une nation. Nous pensons qu'un pays moderne doit pouvoir sereinement proposer un éventail de solutions éducatives sans qu'il y ait de rivalités entre elles, pour instruire au mieux les enfants de France en fonction de leur tempérament, de leurs aptitudes, de leurs besoins, des possibilités des familles. L'instruction en famille est une offre éducative aussi valable que les établissements publics, privés sous contrat, hors contrat, cours par correspondance.

Nous attendons davantage qu'un décret. Nous l'avons dit, nous l'avons écrit. Nous appelons de nos voeux une clarification et une harmonisation des contrôles dispensés par les inspecteurs de l'Education Nationale. Dans ce domaine, il y a beaucoup à revoir, beaucoup à faire. Sur le terrain, nous constatons beaucoup trop d'inégalités en matière de déroulement tant du contrôle académique que du contrôle de mairie. Vous ne pouvez nier que la circulaire actuelle laisse bien trop de place à l'interprétation. Ces flous juridiques sont une plaie pour l'instruction en famille, chacun se jouant des failles qu'il peut trouver. Votre décret ne permet malheureusement pas d'enrayer ce phénomène.

Aussi, Madame la Ministre, nous vous redemandons très solennellement espérant être entendus, de bien vouloir organiser en concertation un chantier de réécriture de la circulaire d'application pour permettre aux familles aussi bien qu'aux inspecteurs d'avoir une trame plus claire du déroulement des contrôles, des attendus, des temps impartis, des lieux de contrôle.

Les 20 propositions que nous vous avions fait parvenir se voulaient et se veulent toujours une base de réflexions pour un juste encadrement de l'instruction en famille.

Dans nos propositions, nous demandons par exemple: l'harmonisation des contrôles à l'échelle nationale, des contrôles précis, encadrés et identiques quelle que soit l'académie de résidence, un contrôle au domicile de l'enfant jusqu'à 12 ans, dans l'établissement scolaire de rattachement au-delà de 12 ans, la réaffirmation dans la circulaire de l'obligation de moyens et non de résultats, que soit fait référence aux programmes non pas à chaque fin de cycle mais en deux paliers, un en fin de primaire, un en fin de collège. Nous avons proposé une trame de déroulement de contrôle, des engagements plus forts de la part des famille, une redéfinition des refus de contrôle et face à la crainte de radicalisation, un contrôle de mairie annuel et non tout les deux ans.

Nous nous étonnons par ailleurs que votre souci d'égalité ne vous ait pas conduite à prendre des mesures en faveur de l'allocation de rentrée scolaire pour les enfants instruits en famille. Est-il normal en effet que des familles remplissant les conditions de ressources et leurs obligations légales (notamment déclarations annuelles) ne bénéficient pas de l'ARS au motif qu'elles instruisent elles-mêmes leurs enfants? Qui peut croire qu'elles auraient moins de dépenses pour l'instruction de leurs enfants qu'une famille scolarisant dans une école publique ? Les familles que nous représentons n'ont pas simplement un cartable et une trousse à acheter ! Elles financent elles-mêmes des manuels, des fournitures, des livres, de la documentation, des photocopies, du matériel pédagogique en nombre, des cours de langues, des abonnements etc...Nous dénonçons cette rupture d'égalité.

Ni la publication d'un livre ni la campagne présidentielle ne sont à nos yeux des motifs légitimes d'inaction et de silence.

Les familles attendent, nos enfants attendent.

COLLECTIF L'ECOLE EST LA MAISON


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